Le vol et le recel d'archives publiques
Les archives sont la mémoire d'un pays. Et pour nous, généalogistes, elles détiennent la mémoire de nos ancêtres et sont parfois l'un des rares indices qui nous reste afin de prouver leur passage dans ce monde ! Elles ont donc une valeur incommensurables... ce qui explique peut-être que, régulièrement, des services d'archives constatent des vols.
Il n'est pas rare de tomber sur des archives vendues illégalement sur Internet ou dans un vide-grenier. Et force est de constater que, souvent, elles valent leur pesant d'or !
Les Etats-Unis viennent d'ailleurs de restituer deux livres anciens qui avaient été volés à la Bibliothèque nationale de Suède par l'ancien directeur des manuscrits de la bibliothèque lui-même ! Au total, 56 ouvrages ont été dérobés entre 1995 et 2004 par Anders Burius, qui, rongé par la culpabilité, s'est ensuite suicidé... Les ouvrages avaient été vendus aux enchères en Allemagne à des clients américains.
Revendues dans une maison de vente :
« En épluchant un catalogue de la maison de ventes Sotheby’s en 1996 un employé des Archives nationales tombe sur le dernier exemplaire du traité de Fontainebleau signé par Napoléon, un document exceptionnel qui aurait dû se trouver à l’abri dans les cartons des Archives nationales à Paris. »
Voilà ce que rapportait dans un article il y a quelques années Florence Barreto, chargée de communication des Portes du temps (Direction générale du patrimoine, site réservé au jeune public). L'histoire évoquée ici par Mme Barreto est l'affaire Rooney-Pierce, dans laquelle deux homme ont été arrêtés et condamnés en 2002 pour vol et recel d'archives publiques. L'un des deux, John William Rooney, un historien de l'université de Milwaukee, était un habitué du service des archives parisiennes !
Mais ce n'est pas tout ! Ces vols sont plus fréquents qu'on ne le pense. Et les moyens de receler les archives sont divers : outre les grandes maisons de ventes comme Sotheby's (qui contrôlent rigoureusement les articles acceptés dans leurs catalogues), certains receleurs parviennent à vendre des archives via Internet ou des marchands de vieux papiers, en contactant directement des collectionneurs privés...
Recelées à des collectionneurs privés :
« Un lecteur assidu dans les services d’archives du Sud-Ouest, Christophe.L, est inscrit dans nombre de ces services dès 1981. Suspecté de vol dès 1995 suite à une demande d’exportation d’un manuscrit volé, il est arrêté aux Archives nationales à Paris le 18 octobre 1995 en flagrant délit de vol : il avait caché 5 documents d’archives dans la manche de sa veste. L’enquête a permis de démontrer qu’à partir de 1993, il ne semble se rendre dans un service d’archives que pour y commettre des vols pour le compte de grands collectionneurs privés. (…) Pour tromper la vigilance du personnel des Archives, il consultait d’abord des documents utiles pour des recherches généalogiques ; ensuite il demandait presque uniquement des autographes et autres documents à valeur marchande. Il aurait ainsi volé et vendu dans toute la France plus de 2 000 documents ».
Trente services d'archives avaient, à l'époque, notifié des vols après le passage de ce Christophe.L. Mais, 2 000 documents, ce n'est « rien » par rapport à ce que d'autres voleurs peuvent faire ! En 2002, on a ainsi retrouvé suite à l'arrêt en flagrant délit de vol aux Archives nationales belges d'un citoyen français près de 65 000 documents !! Ces derniers se trouvaient chez un marchand de vieux papiers de Liège qui les recelait petit à petit. Le voleur avait ainsi fréquenté les archives pendant vingt ans, utilisant comme prétexte des recherches généalogiques...
Mais que font les Archives lorsqu'elles constatent que de tels vols ont été perpétrés ? Réussissent-elles toujours à récupérer ces documents ?
A voir la semaine prochaine dans la seconde partie de ce dossier...
Sources :
- http://danis-assy.blogspot.fr/
- http://www.rfgenealogie.com/
- http://www.archimag.com/
Geneablogué par GeneaNet (Myriam) le 28 juillet 2013, 11:58