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21 janvier 2018 7 21 /01 /janvier /2018 16:45

« Savoir d'où l'on vient pour savoir où aller ! »,

telle est la devise de l'association d'Histoire et Patrimoine des Sources du Lac d'Annecy qui œuvre pour la défense du sens historique de son titre, à l'adresse de tous les habitants.

En ces temps très difficiles pour l'avenir des écoles de hameaux de Faverges, il est plus que nécessaire de plonger dans l'histoire de ces écoles à classe unique qui ont fait que nos concitoyens ne sont pas devenus moins avides de connaissance ni plus ignares que ceux qui ont usé leur culotte sur les bancs des cours complémentaires.

Revenons à la construction de nos écoles

L’instruction publique à Faverges comprenait au milieu du 19e siècle, six écoles et une salle d’asile : une dans chacun des quatre hameaux de Viuz, Vesonne, Glaise et Frontenex confiée à un laïc et trois au chef-lieu dirigées par des instituteurs et des institutrices congréganistes.

À Viuz, l'instituteur perçoit un traitement annuel de 600 F en 1864 (le secrétaire de mairie, quant à lui, perçoit 1400 F). À Frontenex, l'institutrice est payée à l'aide d'une allocation communale de 200 F, une rétribution des parents de 100 F et une subvention de l'État de 100 F ( soit 400 F en 1865 ). La classe de Frontenex, située dans le local d'un particulier reçoit 32 enfants mais une douzaine ne la fréquente pas car leurs parents sont trop pauvres pour acquitter leur quote-part du traitement de l'institutrice.

Au chef-lieu, l'école des filles a été fondée par Mme DUPORT, veuve de Jean-Pierre DUPORT fondateur de la Soierie, qui fournit gratuitement le local et paie le traitement de la maîtresse chargée de la classe gratuite 1. « Cette école perçoit encore une rétribution publique, le 11 octobre 1881; c'est la seule du département, avec celle de Saxel, qui soit encore rétribuée ». Sa bibliothèque se compose de 20 volumes donnés par Mmes DUPORT et de MONTHEROT, sa petite-fille. Monsieur le Baron Jules BLANC ayant refusé la subvention offerte par Monsieur le Préfet pour supprimer la rétribution scolaire perçue dans l'école libre des filles, entretenue par lui, contraint celui-ci a intervenir auprès du Conseil municipal qui, en date du 28 décembre 1881, loue un local pour créer "une école élémentaire publique et gratuite pour les filles". L'installation de l’institutrice, Mlle PALLUD, ne se fait pas facilement. « Elle reste de longs mois, seule en tête à tête avec deux ou trois élèves, suspecte à toute une population hostile, isolée, surveillée, et qui sans se décourager a su vaincre tous les obstacles à force de prudence et de zèle, recueillant ses élèves une à une, jusqu'à en recevoir 70 (chiffre du registre matricule) ». 2

Les autres subsides nécessaires au fonctionnement de l'asile de garçons sont une rente perpétuelle de 1600 F et une subvention communale de 700 F. D'autre part, l’instruction publique est aidée par deux rentes supplémentaires d'un montant de 340 F dues par le Marquis de Faverges et Jean Louis ANCILLON.

Avec la loi de laïcisation de l’instruction publique de 1881, le Conseil municipal lance le projet, le 26 octobre 1881, de constructions scolaires et nomme M. MANGE, architecte à Annecy, pour dresser les projets de toutes les constructions : deux écoles au chef-lieu, quatre écoles mixtes dans les hameaux. Le 3 décembre 1881, M. le Ministre de l’instruction Publique et des Cultes approuve la création des Écoles primaires supérieures de garçons et de filles avec un effectif prévu de 40 élèves.

- École primaire élémentaire et École primaire supérieure au chef-lieu soit 6 classes + 6 classes (l'actuelle école du centre ). Son devis définitif a été présenté le 1er février 1883 pour un montant de 165.404,20 F, I'adjudicataire en est Émile Jacquet. Dans le devis, on relève notamment l'achat de 144 tables pour la 1ère école et 84 tables pour la seconde. Les travaux débuteront le 17 juillet 1883 et devront être terminés pour le 14 juillet 1885, ce qui ne sera pas le cas.

- École primaire mixte au hameau de Glaise : elle est projetée avec un devis du 10 mars 1882 d'un montant de 16.131,13 F adjugé à André USEGLIO. Les travaux commenceront le 17 juin 1884. Il est prévu 21 tables.

- École primaire mixte de Frontenex : le Conseil municipal se demande s'il vaut mieux construire l'école à Frontenex ou à Verchères. Malgré les deux pétitions, celle de Verchères-Les Gras-Chambellon avec 48 signatures et celle de Frontenex avec 38 signatures seulement, le choix du conseil se porte sur Frontenex, sans doute du fait de la présence de l'ancienne école en ce lieu. Le devis du 10 mars 1882 s'élève à 17.688,78 F et la construction est adjugée à Jean COMISETTI qui commence les travaux le 17 juillet 1883. Il est prévu 28 tables.

- École primaire mixte de Vesonne : elle est adjugée à Jean FERLA, pour un devis de 17.142,95 F, daté encore du 10 mars 1882. Le nombre de tables est de 24. Les travaux commenceront également le 17 juillet 1883.

- École de garçons de Viuz : elle est adjugée à Jean COMISETTI pour un devis de 16.365,40 F, le 10 mars 1882. Il est prévu 24 tables et les travaux débuteront le 17 juillet 1883.

Malgré la construction des nouveaux bâtiments scolaires, les effectifs ne s'accroissent pas rapidement et même stagnent pendant très longtemps. Aussi, les autorités administratives prennent-elles des mesures pour amoindrir l'influence des écoles congréganistes.

Le 10 janvier 1884, un cours complémentaire de filles est créé ( il permet aux filles ayant eu leur certificat d'études primaires de poursuivre leurs études en vue d'obtenir leur brevet supérieur ) et M. le Préfet de la Haute-Savoie nomme Mlle PALLUD, institutrice méritante, titulaire de ce cours complémentaire.

En 1884, le 29 décembre, selon un rapport de Monsieur l’inspecteur d'Académie à Monsieur le Préfet, il existe toujours une école libre de filles, dirigée par Madame BOCCARD, dite sœur Candide. Cette école comprend 3 classes et 118 élèves réparties en 28 + 45 + 45. L'entassement étant trop important, la directrice est contrainte de procéder au renvoi de 20 élèves selon le volume des salles pour arriver à une répartition de 28 + 37 + 23. Il est à noter que la seule classe qui n'ait pas changé d'effectif était celle de la Directrice qui ne craignait pas de « surcharger » ses collègues.

Création d'une classe enfantine

Le 2 février 1887, l’inspecteur primaire appelle l'attention de Monsieur l’inspecteur d'Académie sur la nécessité absolue d'annexer une classe enfantine à l'école publique de filles de Faverges : « l'effectif des écoles publiques ne s'est pas accru, depuis la laïcisation, dans des proportions très satisfaisantes et comme aurait pu le faire espérer le mérite du personnel qui les dirige. J'ai dû rechercher les causes, et je les ai trouvées...dans le mauvais esprit de la population et la sourde hostilité du clergé... ».

A sa lettre, il joint l'état de situation scolaire où l'on relève le tableau suivant :

 

Nombre des

Nombre de places

 

maîtres

classes

places

élèves

En plus

En moins

Chef-lieu garçons

3

3

180

85

95

-

Chef-lieu Filles

2

2

180

77

103

-

Frontenex

1

1

56

38

18

-

Glaise

1

1

56

34

22

-

Vesonne

1

1

56

58

-

2

Viuz

1

1

56

18

38

-

TOTAL

9

9

584

310

276

2


 

Le conseil municipal dans sa séance du 18 février 1887, fait ressortir qu'il n'en coûtera rien à la Commune puisque le traitement de la directrice est à la charge de l'État, que son logement et l’installation de l'école pourront être effectués dans le groupe scolaire existant. Mais quelques membres font remarquer "que le chef-lieu étant doté déjà d'une école enfantine privée qui suffit à tous les besoins de ce service", ils ne voient pas la nécessité d'en créer une nouvelle qui d'ailleurs ne leur parait point obligatoire. Au vote par bulletin secret, la proposition est rejetée à la majorité de douze voix contre trois.

Par lettre du 29 avril 1887, l'inspecteur primaire renouvelle sa demande de création d'une classe enfantine mixte pour « contrebalancer l'influence de l'école maternelle privée ».

On notera encore que, le 11 septembre 1902, soit 20 ans après les lois de laïcisation des écoles, le conseil municipal, par hostilité contre ces lois, refuse la concession d'un matériel scientifique en faveur du Cours Complémentaire de filles.3

Les écoles de Faverges

Suite à la loi Jules Ferry "du 16 juin 1881 rendant l'enseignement public et gratuit, la commune de Faverges, qui disposait déjà de trois écoles confessionnelles et de quatre écoles de hameaux, décide par délibération du 26 octobre 1881 de procéder à la construction de cinq écoles publiques afin de remplacer les écoles existantes mal commodes. En effet, d'après un rapport de l'inspecteur primaire à l'inspecteur d'académie, les écoles de Faverges sont mal éclairées, petites et mal loties. Les besoins sont pourtant important puisque ce rapport fait état de 1 296 habitants au centre-ville (dont 248 élèves), de 831 habitants pour la section de Viuz (129 élèves), 415 habitants pour la section de Vesonne (53 élèves), 181 habitants pour la section de Glaise (22 élèves) et enfin 450 habitants pour la section de Frontenex (52 élèves).

Une commission mandatée par le conseil municipal est chargée de trouver l'emplacement des futures écoles en tenant compte de la nécessité d'aération du site et de la distance minimum que doivent avoir les écoles avec les débits de boisson et les cimetières. Elle se heurte à une opposition des habitants de Verchères qui proposent deux terrains pour établir l'école dans leur hameau plutôt qu'à Frontenex. Le hameau de Frontenex étant plus important, la commission décide d'y maintenir l'école mais propose un emplacement à la sortie du hameau en direction de Verchères.

Par délibération du 26 janvier 1882, la commune décide d'acheter les terrains pour la construction d'une école primaire (288 élèves) et d'une école primaire supérieure (168 élèves) à l'entrée du centre-ville, d'une école de garçons à Viuz (48 élèves) et de trois écoles mixtes à Vesonne (48 élèves), Glaise (42 élèves) et Frontenex (56 élèves).

Les devis et plans de l'architecte Auguste MANGÉ sont approuvés par délibération du 3 avril 1882.

Enfin, par délibération du 2 février 1883, le conseil adopte les devis relatifs à la construction et à l'achat des terrains pour un total de 246.740,26 francs financés à hauteur de 180.000 francs par l'état et 11.390 francs par les fonds municipaux. Les 55.500 francs restants sont financés par un emprunt sur trente ans.

La construction des écoles commence la même année à l'exception de celle de Glaise qui ne commence qu'en 1884.

1Rapport de Monsieur l'Inspecteur d'Académie, M. Dussous, dans la lettre au préfet du 24 mai 1885. Série 20 carton 572.

2Lettre de monsieur l'Inspecteur d'Académie en date du 3 janvier 1894. Série 1T42

3 Références : Archives départementales Série 20 carton 572 -Série 1 T carton 42

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