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Léonie Sidonie MUGNIER SERAND naît à Talloires, dans le hameau d'Angon, le 5 mars 1836, fille aînée de Jean Claude Mugnier Serand et de Julie Contat mariés.
Sidonie décède le 17 juillet 1863, à 27 ans 4 mois 12 jours.
« La documentation que nous laisse Sidonie, pour être plus modeste, n'en est pas moins d'une réelle valeur. On devine, à travers ses écrits, une nature douée de qualités vraiment remarquables. Très fine, très observatrice, rien ne lui échappe ; elle relève, et non sans malice, sur les feuillets de son journal, les travers de chacun ; mais elle est sensible, délicate, aimante, elle s'attache à ses amis de même qu'elle est pleine de tendresse pour les animaux ; ses chiens Brutus et Léo sont ses plus fidèles compagnons ; alpiniste intrépide, elle fait preuve dans ses ascensions, de décision, d'énergie, de volonté, qualité qu'on ne rencontre pas communément chez une jeune fille de son âge ; elle est le boute-en-train de toutes les fêtes, de toutes les réunions ; elle paraît heureuse de vivre ; à moins qu'elle ne veuille seulement en donner l'illusion, car, ce qui paraît être la dominante de sa nature, c'est un profond mysticisme empreint de la plus décevante tristesse, comme si elle pressentait que sa vie serait de courte durée. »
« La lecture de son journal nous la révèle tout entière ; nous la voyons : espiègle en racontant son premier voyage en chemin de fer ; malicieuse en décrivant la visite que firent à Talloires Napoléon III et l'impératrice Eugénie ; mondaine dans ses impressions au bal donné par la municipalité d'Annecy, en l'honneur du gouverneur de la province ; observatrice dans une promenade qu'elle effectue à Albertville et à Conflans ; poétique au cours d'une ascension qu'elle effectue à la Tournette ; méditatives à la cime du charbon ; torturée par les influences qui s'exercent autour d'elle pour capter son âme et lui faire prendre le voile ; chagriné et mystique au début de l'année qui devait être pour elle la dernière. »
Le samedi 18 avril 1863, elle écrit :
« Décidément, je suis trop fatiguée pour continuer ce pauvre journal que je gribouille en dépit du bon sens ».

« Tel est l'ultime pensée, combien émouvante dans sa simplicité, qui met le point final au Journal intime qu'avec une conscience et une fidélité extraordinaire, Sidonie aura tenu jusqu'à ses derniers moments… »
Sidonie est Mondaine
dans ses impressions au bal donné par la municipalité d'Annecy, en l'honneur du gouverneur de la Province
Samedi 18 février 1860. Bal
« Voilà donc le grand jour arrivé, le bal offert par la ville d'Annecy à M. le gouverneur Maggi, commencera ce soir à 8 heures. Toute la ville se prépare, il y aura beaucoup de monde. Nous faisons toutes nos commissions dans la matinée, et à midi, nous rentrons pour ne plus nous montrer jusqu'à ce soir. À 2 heures, nous commençons déjà à nous coiffer les unes les autres, et nous n'avons fini qu'à la nuit. Mlle Philomène Mugnier notre modiste, a la complaisance de venir à 4 heures pour nous habiller. Nous soupons avant de commencer cette œuvre importante, puis nous nous mettons à l'ouvrage. La robe de Louise est en tarlatane blanche garnie de trois grands plis, entre chacun desquels il y a une jolie broderie. La berthe et assorti au reste de la robe, les manches sont courtes. La robe d'Antonie et en tarlatane blanche garnie de 12 volants, ma coiffure est rose, rouge avec du feuillage d'argent. Celle de Louise est en perles blanches et fleurs bleues. En général, nos toilettes sont fraîches et assez jolies. À 8 heures, tout est achevé, M. Richard nous attend chez Éloi pour nous conduire à l'hôtel de ville. Le temps est sec et froid, mais nous ne nous arrêtons pas à cela. Nous voyons déjà de loin la façade illuminée, et des carabiniers à cheval faisant reculer la foule. Le vestibule et la cour seront garnis de glaces et de bougies. L'escalier est orné de fleurs et de lumières, c'est vraiment magnifique. Nous trouvons dans l'antichambre une foule de commissaires en grande tenue qui nous offrent leur bras pour nous introduire. Le vestiaire a d'abord notre première visite, puis M. Chaumontel avocat me conduit dans le salon, ces autres messieurs conduisent mes sœurs et Maman. Nous sommes placées en face des places réservées pour la famille du Gouverneur. Annette qui est déjà dans la salle vient se mettre à côté de moi. En attendant que les danses commencent, nous avons le temps d'examiner le salon, il est magnifique. Le plafond, les murailles sont tous or et blanc avec quelques tentures rouges. Les lustres sont répandus à profusion et tout illuminés au gaz. Deux belles glaces placées en face l'une de l'autre, reflètent les lumières et les toilettes. Tous les canapés et les fauteuils sont déjà garnis et en remarquant bien, nous reconnaissons Fanny Pichollet, Rosalie de Rochette, Eugénie Collomb, Fanny Serand, Marie Lauvens, Sabine Burnod, Mme Garnier, Mme Richard, les demoiselles Ruphy etc. etc. Enfin, en tout il y a 80 dames. Les toilettes sont toutes très légères et très fraîches. Le rose et le blanc dominent, quelques robes bleues font diversion, mais la nuance la plus goûtée est à mon grand étonnement une robe vert pomme qui fait très bien à la lumière. À 9 heures, on introduit en cérémonie Mme Maggi et sa fille cadette, tout le monde se lève et ces dames saluent très gracieusement. M. Levet les place sur leur fauteuil et Mme Levet et de Fésigny viennent s'asseoir et causer avec ces dames. Dix minutes après, M. le Gouverneur et ses deux filles aînées arrivent, après les premiers compliments, la musique joue et la première valse commence. Aussitôt 60 danseuses et autant de cavaliers se mettent sur les rangs, mais les commissaires ne laissent danser que huit ou dix couples à la fois, lesquels après avoir fait deux tours dans le salon, sortent par le corridor où se tient la musique, rentrent dans un autre salon et attendent patiemment que leur tour revienne, ce qui arrive tout au plus deux fois dans une danse. Mais qu'y faire, il faut supporter les désagréments d'un grand bal, puisque nous jouissons de la beauté du coup d’œil...//...
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Sidonie est Observatrice
dans une promenade qu'elle effectue à Albertville et à Conflans
Jeudi 27 février 1862.
Mariage d'Éloi Serand
« Nous montons nous promener à Conflans. C'est toujours la vieille et triste ville, avec ses crétins, ses soldats, ses châteaux en ruine, son église, sa chaire magnifique comme sculpture antique et sa place d'où l'on découvre un panorama superbe. Nous restons longtemps en admiration devant cette vallée qui s'ouvre devant nous jusqu'à la France et nous cherchons dans le lointain vaporeux, le wagon qui doit emmener nos époux. Nous redescendons ensuite à Albertville et nous entrons dans l'église des capucins en passant près d'elle. Puis, nous faisons le tour extérieur des prisons et nous rentrons chez Donnet après avoir à peu près tout vu. »
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Sidonie est Torturée
par les influences qui s'exercent autour d'elle pour capter son âme et lui faire prendre le voile
Jeudi 28 novembre 1861.
« Je me rends à l'invitation de sœur Saint-François malgré le mauvais temps et elle me reçoit avec une grâce enchanteresse, puis elle me conduit chez M. Sucillon, lequel se surpasse en accueil aimable et en renouvellement d'anciens témoignages d'affection pour moi. Je reste longtemps seule avec lui et nous parlons de choses intimes et sérieuses, je retrouve en lui la même bonté pour moi, le même dévouement, le même intérêt pour tout ce qui me touche, quoiqu'il y ait déjà plusieurs années que je ne suis pas allée le voir. Je sors cependant d'auprès de lui dans un grand trouble, car je suis à la veille d'une décision bien pénible pour moi, et ma volonté plie et se débat devant le sacrifice. Sœur Saint-François revient me prendre pour me conduire auprès de Mère Flavie, là encore je reçois des propositions flatteuses et mon cœur se serre à l'idée d'une séparation avec mes bons parents. De retour auprès de Fanny, je lui confie mes chagrins, elle est si raisonnable et si bonne, ses conseils me rendent un peu de calme, mais la gaieté est loin de moi pour toujours peut-être. »
…//...
« Les propos légers et superficiels, les compliments fades et surannés, les gestes étudiés succèdent sans transition à la causerie instructive que je viens de laisser, mais 10 heures mettent un terme à cette journée si pleine pour moi d'émotions diverses et en me couchant, je me retrouve seule avec moi-même, avec mes indécisions, mes terreurs et mes larmes. »
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Sidonie est Mystique
dans le calme de ses parcours en montagne
Mercredi 14 juillet 1858.
« Une petite grotte en se présentant à nos regards vint nous fortifier dans nos idées de retraite. Mon Dieu que la vie s'écoulerait douce et paisible, ici ! Il semble que les illusions se flétriraient moins vite, et que l'on se rapprocherait plus facilement du ciel. »
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Sidonie est Moqueuse
de la condescendance des Français envers les Savoyards
Lundi 25 juillet 1859.
« … Nous leur offrons le café, et tout en causant, nous nous apercevons que Mr Noël prend des airs de français infaillible et superbe, avec ceux qu'il croit être de pauvres savoyards n'ayant jamais rien vu que leurs montagnes et leurs marmottes. Après leur départ, nous restons longtemps sans pouvoir parler, tellement nous sommes frappés, non pas d'étonnement, mais d'une hilarité que rien ne peut peindre. Peu à peu, cependant nous reprenons nos sens, et les remarques que nous nous communiquons, ne contribuent pas peu à entretenir notre gaieté folle. Que les Français apprennent par ce terrible exemple, à ne pas venir blaguer dans nos montagnes, car là aussi, il y a des gens qui ont plus de bon sens qu'eux. »
de la religion qui rend les dimanches tristes
« Dimanche 9 décembre 1860.
Il y pleut averse et c'est dimanche, double calamité. Nous nous levons de bon matin pour aller à la petite messe où nous nous faisons conduire toutes les quatre et nous revenons nous enfermer dans la chambre, où notre pauvre fourneau fait toute notre consolation.
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Sidonie est Critique
de la vie mondaine et superficielle des Talloiriens
Dimanche 26 octobre 1862.
« Quant à moi, j'ai demandé grâce pour la promenade et je l'ai obtenue non sans peine ; je suis restée seule à lire sur le balcon, préférant cent fois le modeste Angon au pompeux Talloires, tout farci de parisiens, de Lyonnais et de dames de toutes sortes. »
de la suffisance des Favergiens
Mercredi 4 février 1863.
« Nous lisons en travaillant notre Gentilhomme Campagnard et nous reconnaissons dans l'histoire du petit bourg de Châteaugiron, les misères, les coteries, les médisances du petit bourg de Faverges. »
ou de leur esprit de médisance
Jeudi 29 septembre 1859.
« Chacun alors s'est arrangé de manière à passer son temps le plus agréablement possible ; les uns nonchalamment étendus au soleil et sur la mousse, les autres fumant leurs cigares, d'autres enfin causant gaiement en regardant Faverges et ses environs, ce piètre pays, ou comme le dit Alphonse Karr, la réunion de deux femmes n'est qu'un complot contre une troisième. »
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Sidonie est Généreuse
par les remarques gracieuses sur ses connaissances
Dimanche 26 octobre 1862.
« Après-midi, Maman et mes sœurs vont à Talloires faire quelques visites ; Mme Delesmillières et Mme Moret les reçoivent très gracieusement, puis Mme Duroz et son auréole de neveux ont leur seconde visite dans laquelle il est de rigueur de s'embrasser deux fois et de trinquer avec de la liqueur. L'étiquette de Thônes l'exige ainsi, mais Mme Duroz y met tant de bonté et de bonne grâce, que tout le ridicule disparaît. »
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Sidonie est Capricieuse
« Vendredi 19 avril 1861.
À 6 heures, malgré mes instances, on m'emmène à la promenade de famille, après m'avoir prodigué les épithètes de vieille fille, de capricieuse, de solitaire, etc. etc. Nous allons à la fontaine et nous revenons par Madrid, la prière à l'église termine cette divertissante sortie et nous soupons par là-dessus... »
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Sidonie est Ironique
Jeudi 27 novembre 1862.
« Elle passe donc la journée avec nous, nous lisons encore, nous causons tout en travaillant et grâce à nos ressources personnelles, nous nous suffisons, je dirai même que nous passons des moments agréables. »
Jeudi 1er janvier 1863.
« Voilà donc encore une année écoulée et une autre qui a recommencé pendant notre sommeil, sans que nous nous en soyons aperçues autrement que par les graves réflexions que cela nous suggère. »
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Sidonie est Morose
quand elle songe à son avenir
Samedi 8 juin 1861.
« La tante n'est pas plus mal, mais elle s'obstine à vouloir mourir, elle a bien raison. Que faisons-nous de si agréable en ce monde pour lui être si attaché ?
Samedi 3 août 1861.
« Mais bientôt, cet ennui si profond, si réel, reprend le dessus, et l'âme qui a été si profondément blessée, ne se relève jamais. »
« Ah ! Si le chagrin pouvait tuer aussi vite qu'on le désire, il nous épargnerait une longue agonie. »
« Ah ! Que j'aime encore mieux ma profonde solitude, »
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Sidonie est Chagrine
au début de l'année qui devait être pour elle la dernière
Lundi 30 mars 1863.
« Comme on l'a décidé hier, le départ a lieu à 9 heures et nous nous trouvons seules, mes sœurs et moi avec Joséphine. J'écris un peu pour changer, mais pour dire la vérité, je ne fais pas grand-chose.
Que la semaine sainte est triste quand on est malade, on ne peut pas suivre les offices, et il y a je-ne-sais-quoi dans l'air qui assombrit. »
Mardi 31 mars 1863.
« Je ne parlerai plus de mes matinées, puisque je me lève à midi, et que je les emploie à me faire du lard, lequel au lieu d'augmenter s'obstine à diminuer visiblement.
Annette nous fait de bonnes visites, et apporte même des douceurs à la pauvre gourmande malade. Mme Guigoz, providence des malades, m'apporte aussi un bon sirop qui me ravigote un peu en me sortant de ces détestables tisanes. »
Mercredi 15 avril 1863.
« C'est le jour des visites ; elle commence par Franceline Chambaz qui vient me voir à 7 heures du matin, mais elle s'en retourne bientôt, ses enfants la réclament.
M. Calligé vient ensuite et ordonne une bouteille de café noir bien amer avec de la quinine pour la nuit et la matinée prochaine. Annette vient après et je me lève de bonne heure, me sentant assez bien. Mme Blanc monte tout essoufflée pour prendre de mes nouvelles et me donner des conseils pour guérir. À peine est-elle loin que Mme Domenge de Sollier vient nous voir et dîne avec nous. Au café, nous avons l'arrivée de M. Bernaz et de M. Perroux. Celui-ci nous quitte à 1 heure ½ et M. Bernaz repart par le bateau de 3 heures. Mme Fallion qui a aussi entendu dire que j'étais malade, vient nous voir, elle arrive de Contamines et nous donne des nouvelles du cousin Serand du Plot. En partant, Mme Fallion trouve à la porte Mmes Comte et Châtelain qui, elles aussi viennent dans cette malheureuse cuisine où nous sommes toujours, tandis que notre petit salon que nous avions bien approprié, est toujours seul. Ces dames restent assez longtemps, et ont la bonté de me témoigner beaucoup d'intérêt. Fanny Serand qui arrive d'Annecy pour la noce de demain, vient encore augmenter le nombre de nos agréables visites d'aujourd'hui. À la nuit, M. Démaison vient aussi faire une visite à la malade, et étant bien fatiguée, je me couche à 8 heures. »
Jeudi 16 avril.
« Ces dames, mes sœurs, Annette, tout ce qui reste enfin, va faire une promenade et moi je reste avec ma fièvre qui me reprend de plus belle.
Papa me lit une jolie lettre de l'oncle Maurice qui m'invite à aller me guérir auprès d'eux. Mais que faire en voyage d'une pauvre fiévreuse qui ne peut et ne sait déjà plus écrire.
M. Calligé fait une visite à la nuit et ne sait que m'ordonner un vésicatoire sur la poitrine. Je demande encore un répit, et je l'obtiens. »
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