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Distribuer le courrier réserve parfois quelques surprises. Dans le Loiret, une factrice a eu la surprise de retrouver dans sa besace une bien étrange lettre. L'enveloppe était destinée à un Orléanais. Elle avait été affranchie quelques jours plus tôt à Crozon, une petite bourgade du Finistère. Jusque-là rien d'anormal. Mais ce sont les timbres qui ont surpris l'employée des postes. Plutôt que d'opter pour des plus conventionnels à l'effigie de Marianne ou à celle de l'écrivain Charles Péguy - la Poste en propose un à 1,55 euro -, l'expéditeur a préféré ressortir de ses tiroirs des timbres... affichant le profil du maréchal Pétain.
Problème, comme le rappelle France Bleu Orléans, les timbres à l'effigie du chef de l'État français, émis entre 1941 et 1943, sont interdits depuis la condamnation de Pétain et la mesure d'indignité nationale prononcée contre lui.
L'expéditeur de la lettre, cinq fois coupable pour avoir collé cinq timbres, s'expose à des poursuites judiciaires. Mais la Poste ne semble pas envisager de saisir les tribunaux. Le courrier a été transmis au centre de La Poste de Libourne (Gironde), le seul où l’ouverture des courriers est autorisée. Son destinataire ne le recevra donc jamais.
Elle sera confiée au Parquet qui décidera si des poursuites doivent être engagées.
Cerise sur le gâteau, malgré ses cinq timbres, la lettre n'était pas assez affranchie.
Et pour cause : ces timbres, émis entre 1941 et 1943, auraient une valeur en anciens francs d'avant 1960, dont le total équivaut à 7,60 F, soit 0,076 NF (nouveau franc) de 1960. Ce qui, en euro équivaudrait à 0,076 F divisé par 6,55957. Le résultat s'arrondirait à 0,01 euro. Ce calcul est au conditionnel car, en réalité, les timbres "interdits" sont démonétisés et, par conséquent, ont une valeur nulle, ce qui équivaut donc à une lettre non affranchie.
Le Parquet n'effectuera donc aucune poursuite contre le contrevenant, mais établira un bordereau pour un courrier non affranchi, ce qui entraînera une taxe à percevoir de 1,91 € pour le destinataire s'il veut récupérer la lettre qui lui sera proposée sous enveloppe réexpédiée par la Poste de Libourne.
A toutes fins utiles, la valeur de 1,91 euro équivaut à 12,53 francs d'avant 2002, soit 1253,00 francs d'avant 1960 !